Le pot de colle

Soit le loser est stupide, soit il est sourd. En tout cas, il faut lui répéter les choses plusieurs fois pour qu'il comprenne. Et encore...

Encore étudiante, je me suis retrouvée embourbée dans les méandres de la "vie scolaire".

Je vous la fais courte. Déjà titulaire d'un diplôme, j'ai dû passer une équivalence pour changer de section sans pour autant changer de niveau. L'équivalence en question, c'était un simple morceau de papier que le secrétariat de ma fac devait me délivrer. Simplissime me direz-vous. Mais pas pour le bureau de la "scolarité". Apparemment ils ne savaient pas comment procéder.

Du coup, sans mon équivalence, j'ai du m'inscrire en 1ère année du département dans lequel je voulais aller. Et c'est là que je suis tombée sur un loser, prénommé J.

Il a tout de suite été gentil et avenant. J'ai pensé qu'il avait du lire la détresse et le dépit sur mon visage. Aussi, il a proposé de m'aider à trouver le fameux chef du département qui devait me signer ce bout de papier (oui, il avait connaissait les habitudes du monsieur en question). Nous avons échangé nos numéros de téléphone et a promis de me prévenir dès qu'il l'aurait chopé. Ouf!. Je me suis rarement fait un pote aussi vite!

Ouais, bon, n'oublions pas que nous parlons d'un loser.

En fait il ne m'a pas aidé pour mon souci d'équivalence.

Le soir même il a commencé à m'envoyer des messages. Sympas et cordiaux au départ.

Puis plus les jours passaient, plus il devenait ambigu. Tellement que j'ai commencé à l'éviter à la fac. Mais il avait mon numéro. Il m'appelait ou m'envoyait des messages quasiment tous les soirs. J'ai fini par lui demander d'arrêter, et c'est là qu'il s'est déclaré.

Il me trouvait à son goût et "voulait faire de moi sa compagne" (sic).

Je n'étais pas intéressée et je lui ai dit. J'ai cru qu'il s'arrêterait mais c'était sans compter sur le caractère têtu (ou bourrin) du loser.

Un samedi matin, il m'a appelée pour me proposer d'aller nous balader tous les deux (euh, lol...)

J'ai refusé en répondant qu'il fallait que j'aille faire des courses (c'était vrai en plus).

Il a insisté, insisté et insisté encore, j'ai fini par accepter de le retrouver à un endroit précis près d'un restau. Mais je n'y suis pas allée. (Bouuu, je suis une vilaaaine).

Le samedi après-midi, je suis donc allée faire mes emplettes. Devant l'affluence monstre dans les magasins (comme d'hab le week end), je n'aurais jamais imaginé que J. m'aurais trouvée. Erreur.

Je suis tombée nez à nez avec lui au détour d'une rue. J'étais tellement confuse qu'il m'a convaincue d'aller manger un morceau au McDo avec lui. Il a pris un menu et a tellement insisté que j'ai pris un milkshake.

Je l'ai regardé manger, écouté me parler de sa famille et raconter sa vie tout en acquiesçant et en regardant ma montre. Une fois son repas fini, nous sommes sortis et devant l'entrée, je lui ai expliqué que j'avais des courses à faire et j'ai commencé à m'éloigner en lui disant au revoir, mais le bougre a répondu:

-"Moi aussi j'ai des courses à faire, je viens avec toi"

Stupéfaite, j'ai rétorqué

-"Non, mais je préférè être seule, y'a trop de monde, je serai plus rapide"

-"Mais non, allez viens on y va" a t-il répondu en me saisissant par le bras.

J'étais choquée. J'avais utilisé tous les moyens normaux pour lui faire comprendre que je ne voulais pas de sa présence, il ne voulait pas comprendre.

Alors il a passé l’après-midi à me suivre, comme un chien et à commenter chacun de mes achats. Moi je ne disais rien, j'imaginais un plan pour lui échapper. Alors qu'il regardait ailleurs, j'ai envoyé un SMS désespéré à une amie qui vivait pas loin, en lui expliquant qu'il fallait que je passe chez elle pour échapper à un loser. Elle a accepté.

J'ai donc annoncé mon départ à ce cher J. J'allais chez une copine, il ne pourrait pas me suivre! Mouhahahahaha!

-"Bon, cette fois je dois y aller, j'ai une copine qui m'attend. Allez j'y vais hein..."

-"Ben je t'accompagne...Jusqu'à la porte"

-"Je suis grande, c'est bon!!"

-"Mais ça me dérange pas! Allez, c'est par où?"

J'ai serré les dents et marché jusqu'au hall d'entrée de chez ma copine. J'ai sonné à son interphone, et en attendant qu'elle arrive, j'ai commencé à dire au revoir à J.

Quand ma copine est arrivée, elle a ouvert grand la lourde porte de son immeuble, je lui ai fait la bise et j'ai filé vers l’ascenseur. Ma copine interloquée, m'a regardée, puis a regardé J. qui n'était toujours pas parti et qui me regardait avec l'air de vouloir venir aussi.

Alors que ma copine allait lui proposer d'entrer, je l'ai appelée et fait les gros yeux. Elle a compris, a fait un sourire à J. et a refermé la porte.

OOOOOOOOOOUF! On a frôlé la catastrophe!

Et moi j'ai failli la tuer pour avoir ne serait-ce qu'imaginé dire à ce loser de monter!

Bref, après cette histoire, j'ai enfin obtenu mon papier (sans l'aide de personne) et changé de classe. J. a continué à m'appeler pendant quelque temps avant de s'arrêter, enfin.

Next!